vendredi 19 juillet 2013

Dans la tête d'un playmobil

D'une playmobil(e) plus précisément.
Merci Jenny ;)





Aujourd’hui, nouveau jour, nouvelle vie.
Vais-je jouer la soubrette ? La princesse ? La reine gentille ou la méchante ?
La clocharde, la musicienne, la trapéziste, la vétérinaire, la caissière ?
Je ne sais pas encore. On est mercredi, il est 7h30 du matin.
La petite Marie n’est pas encore levée.

Marie c’est ma proprio. Moi je n’ai pas de nom. Ou plutôt si, j’ai plein de noms. Suivant les histoires et les scenarii. Je n’ai pas de cheveux. Pas vraiment. Les perruques défilent, nous sommes obligées, nous les filles playmobils, de subir un turn over des plus énervants. C’est à qui aura la belle tresse blonde ! Nous la reluquons toutes ! Et Marie choisit, suivant son humeur ,de changer ou non nos coiffures.

Hier je m’appelais Lili et j’étais marchande de légumes. J’avais les cheveux noirs au carré, la raie au milieu. Le cheveu raide et sans charme.
Ca ne me plaisait pas du tout, mais alors pas du tout.  Jouer les marchandes ringardes, devant un étal quasiment vide (c’est ce qui arrive lorsque les petits accessoires sont perdus), servir mes semblables, moqueurs, non merci !

Ce que je préfère, c’est quand Marie me choisit pour faire la princesse. Ah ça, j’adore !
Elle clipse alors à ma taille, une jolie jupe rouge et rose à crinoline. Et me voilà parée pour déambuler dans les pièces d’un somptueux château.
Enfin… on imagine le château. Oui Marie n’a pas encore le château. Je crois les doigts pour qu’elle l’ait à son anniversaire !
Parfois elle vole le bateau pirate de son petit frère, je me transforme alors en princesse pirate. J’aime beaucoup aussi ! D’ailleurs, les pirates du petit frère sont charmants, il faut bien l’avouer.

Ma vie est épuisante. Il faut sans cesse se réinventer, puiser une énergie insoupçonnée afin de satisfaire ma petite maîtresse. Nous n’avons pas le droit de la décevoir. Nous sommes tous sujets au stress, à la peur d’être relégués au fond de la caisse. D’être chauves. Car qui dit chauve, dit anonyme. L’anonymat = la caisse. Adieu le jeu, adieu l’histoire, adieu la vie.

8h00. Marie se lève en chantant. Elle attrape une de ses favorites sur la table de nuit, la playmobil sirène.
Quelques filles playmos à mes côtés soupirent. C’est vrai qu’il est dur de lutter contre la sirène. Avec sa queue de poisson violette, elle semble indétrônable.
Pourtant,  Marie la repose et se saisit de mon petit corps. Elle arrache la perruque noire au carré,  je retiens mon souffle. Mon sort se joue là, quotidiennement. Quelle pression !
Je sens qu’elle visse délicatement sur mon crâne, la divine tresse blonde.
Hourrah ! Je vais être princesse, pour aujourd’hui encore ! 




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