Extraits d’une pièce de théâtre La Bouteille sous la mer
ACTE I
Décor : Fond de
la mer. Sur le sable, une petite plaine entre des cailloux et bordée d’algues. L’eau
est bleu turquoise.
SCENE 1
Une étoile de mer
orange surgit en chantonnant. Elle aperçoit une bouteille en verre à demi
enfoncée dans la vase.
L’ETOILE DE MER : Tiens tiens… mais qu’est-ce que
… ?
LA BOUTEILLE : rrrrrrrr
L’ETOILE DE MER : Une bouteille en verre. Qui
ronfle ! Comment est-elle arrivée là ?
L’étoile de mer
s’approche en dandinant de la bouteille. Timidement, elle lui donne un coup de
branche.
L’ETOILE DE MER : hum… Bonjour, Madame ?
Monsieur ?
La BOUTEILLE, s’éveillant :
Hein ? Où suis-je ?
L’ETOILE DE MER : Au fond de l’océan, cher Monsieur.
LA BOUTEILLE, vexée :
Madame.
L’ETOILE DE MER : Pardonnez-moi, Madame la
Bouteille. Que faites-vous ici ?
SCENE 2
Entrent en scène un
jeune crabe et une langoustine.
LE CRABE ET LA LANGOUSTINE: Waaaa !
LA BOUTEILLE : Bonjour.
LE CRABE ET LA LANGOUSTINE, d’une seule voix : Bonjour !
L’ETOILE : Vous disiez, Madame la Bouteille ?
LE CRABE : Une bouteille ? Vous êtes un crustacé
Madame ?
LA BOUTEILLE : Un crustacé ? Euh non, je suis
seulement une bouteille en verre.
LA LANGOUSTINE : Quel drôle de chapeau vous avez
là !
LA BOUTEILLE : C’est mon bouchon de liège, mademoiselle.
L’ETOILE DE MER : Donc, Madame la Bouteille en verre, comment
vous êtes-vous retrouvée ainsi envasée, au fond de l’eau ?
LA BOUTEILLE : Mon bateau a coulé…C’est une longue
histoire…
Le crabe, la
langoustine et l’étoile s’installent pour écouter.
[…]
ACTE II
Décor : La même
petite plaine. L’eau est bleu foncé. Les algues s’agitent.
SCENE 1
La bouteille est seule
en scène. Toujours envasée.
LA BOUTEILLE, dans
tous ses états : Pourquoi ? Mais pourquoi suis-je allée leur raconter
ces histoires ? Que dis-je… ces salades rocambolesques, tout droit sorties
de mon imaginaire ? Pourquoi me suis-je emportée ainsi, laissant divaguer
mon esprit ? Ô rage, ô désespoir ! Elle pleure. Le bateau de pirate, la cale, le prisonnier amoureux…
le naufrage…. Le prisonnier qui écrit en hâte une missive pour sa bien-aimée…
Snif…Elle se mouche. Et quel besoin
d’aller préciser que cette princesse vit sur une île perdue de l’Océan Indien ! Elle se remémore ses propres paroles.
« Je dois porter au plus vite ce message désespéré. Cette lettre d’amour
me consume de l’intérieur. Il s’agit d’une mission de la plus haute importance
mes amis. Aidez-moi à partir d’ici ! ». Ah ça, ils étaient
impressionné ! La langoustine et l’étoile m’envient, c’est certain !
Apparaît discrètement
le jeune crabe au fond de la scène. Lorsqu’il aperçoit la bouteille, il se
cache derrière les algues.
Snif. Snif. Maintenant les voilà qu’ils organisent une
soirée afin de me débouchonner. Pour que tout le peuple sous-marin puisse
profiter de la lecture d’une magnifique lettre d’amour enflammée ! Tu
parles !
Lorsqu’ils vont se rendre compte que j’ai tout
inventé ! Ah…ils se riront bien de moi… La belle lettre ! Pffff… Mon
romantisme me perdra !
SCENE 2
LE CRABE, se
précipitant vers la bouteille, les pinces en l’air : Menteuse !
Espèce de menteuse !
LA BOUTEILLE, retrouvant
sa dignité : Ah oui ? Je suis une menteuse ? Petit sac à
pinces !
LE CRABE, hurlant :
Je vais le dire à tout le monde ! Ah on va bien rire ce soir en lisant ta
lettre !
[…]
ACTE III
Décor : la
bouteille a été libérée de la vase. Elle trône seule sur une estrade, encadrée
d’un rideau d’algues. Un gros tire-bouchon rouillé repose près d’elle. L’eau
est très sombre. La soirée va bientôt commencer. On entend au loin des bruits
de pinces, de succion, de nageoires, et des éclats de rire.
SCENE 1
LA BOUTEILLE, triste
et résignée : Et voilà. C’est la fin. Dans quelques minutes, lumière
sera faite sur mon infamie. Je pourrai alors m’enterrer dans la vase à tout
jamais.
SCENE 2
Derrière le rideau
d’algues, une grande ombre se forme.
LE POULPE, chuchotant :
Psst.
LA BOUTEILLE, sursautant :
Qui est-ce ?
LE POULPE, se glisse
sur l’estrade élégamment : Je peux peut-être vous aider, Madame.
LA BOUTEILLE : M’aider ? Monsieur vous êtes bien
aimable, mais vous ne pouvez rien pour moi.
LE POULPE : Le crabe m’a tout révélé. Je sais tout.
LA BOUTEILLE : Le sale morveux ! Mais qu’importe,
bientôt tout le monde saura. Mon mensonge…
LE POULPE : … est réparable. Il suffit de supprimer la preuve.
LA BOUTEILLE,
réfléchissant : Vous voulez
dire…la lettre ?
LE POULPE : Tout à fait. Plus de lettre, plus de
preuve. Le mystère restera entier. Et votre honneur sera sauf.
LA BOUTEILLE, reprenant
espoir : Quelle merveilleuse idée, Monsieur le Poulpe ! Assombrie tout à coup. Mais comment faire ?
LE POULPE, malicieux :
Il suffit qu’au moment propice, j’éternue sur la lettre ! Mon encre se chargera de tout détruire.
LA BOUTEILLE : Et en échange ?
LE POULPE : La vérité. Je veux savoir ce que contient
cette lettre. Mon esprit est tout simplement curieux. La vérité, pour le prix
de votre honneur.
LA BOUTEILLE : Vous allez vous moquer.
LE POULPE : Rooo, mais non voyons ! Vous avez ma
parole. Ensuite, une fois le papier détruit, vous pourrez tout
recommencer. Démarrer une nouvelle vie,
ici, au fond de l’océan. Vous
verrez, la vie y est douce parfois.
La bouteille hésite.
Les bruits de la foule se rapprochent.
LA BOUTEILLE : Bon, c’est d’accord ! … Un silence. Gênée. Ma lettre. Hum. Je…Silence.Vous allez voir, elle n'a rien d'une lettre d'amour... La voici. Elle
récite, très sérieusement. « Six œufs, un bouquet garni, une livre de farine, un
lièvre entier… »
[...]
I want the truthhhh
j'adore ! encooore !!!!
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