Merci Chloé.
C’est l’histoire d’Arnold, un oreiller, bourré de plumes d’oie
sauvage. Il travaillait dans un hôpital, au service réanimation, changeant
régulièrement de chambre, de patient, de tête.
Un jour, Arnold sortait tout juste de la blanchisserie
(moment qu’il appréciait tout particulièrement), il se trouvait sur un lit tout
frais, dans une chambre seule. Vide. Il en profitait pour se reposer, laisser
divaguer ses pensées.
C’est alors que la porte s’ouvrit brutalement, et dans un
grand brouhaha, on installa une toute jeune fille sur le lit. Le plus
délicatement possible, on déposa sa tête sur Arnold. Puis d’un coup, la pièce se vida, le silence revint à nouveau.
Arnold retenait son souffle. Il était toujours timide au
début d’une relation. Il préférait apprendre à connaître le patient, pour
ensuite établir un lien. S’ils disposaient d’un certain temps bien sûr. Lorsque
le malade restait quelques jours seulement, Arnold ne s’attachait pas, il faisait juste son travail,
consciencieusement.
La tête de la jeune fille, immobile, imprimait un poids très
faible. Soudain, pris de panique, il se demanda si elle était en vie, il la
sentait à peine. Se concentrant, au bout de quelques instants, l’oreiller
perçut une respiration, légère comme une plume.
Petit à petit, Arnold découvrit la jeune fille. Il glanait
des informations au hasard des conversations du personnel soignant. Il comprit
ainsi qu’elle s’appelait Annia, qu’elle avait 15 ans, et qu’elle était dans le
coma à cause d’un accident mystérieux. Tout cela le bouleversa, plus que d’habitude.
Car Arnold était plutôt résistant aux malheurs des autres, le métier l’avait
endurci. Mais cette fois, c’était différent, Il se sentait extrêmement
responsable, Annia était si jeune !
Alors, au fil des jours, l’oreiller apprivoisa doucement
la jeune fille. Il essayait de lui
alléger ses souvenirs, ou du moins, de les radoucir. Il tentait de lui murmurer
à l’oreille des mots qui rassurent, des jolis mots, des mots d’espoir. Il lui
parlait des arbres à la fenêtre, du concerto pour piano qui passait à la radio.
Une fois, il sécha des larmes qui coulaient de ses yeux clos. Il caressait ses
cheveux blonds, tous les soirs, tendrement. Il enrobait ses rêves de douceur, de
réconfort. Il la consola pour lui redonner envie de vivre.
Les semaines défilèrent, et un matin, Arnold eut la joie de
sentir Annia se réveiller enfin. Entendre sa voix, flutée, s’élever dans la
chambre, la voir hésitante faire quelques pas, derrière un rideau de cheveux
blonds… Ce furent des jours de grande émotion pour Arnold l’oreiller. Lorsqu’Annia réclama un concert à la radio,
il eut envie de la serrer dans ses bras. Mais il ne put qu’écouter la musique
avec elle, profitant de ces derniers instants à deux. La dernière nuit avant le
départ de la jeune fille, Arnold s’éventra doucement. Une plume brilla à la
lueur de la lune.
Annia se réveilla, une plume au creux des doigts,
tandis que l’aide-soignante ramassait l’oreiller :
" Tiens, il va avoir
besoin d’un petit raccommodage celui-ci ! Bien dormi, jeune fille ? "
"Oui, merci. " répondit Annia. Elle se rappela son rêve, dans lequel son oreiller jouait du piano au clair de lune...Un sourire aux lèvres, elle serra la plume dans sa main.
Une bien jolie histoire, toute moelleuse !!!
RépondreSupprimerJ'aime le style de ton écriture, tu livres ici sensations et émotions en un tour de passe-passe.
Ca me donnerai matière à illustrer... ;-)
Je suis ravie de suivre tes récits,
A bientôt,
Virginie
http://virginiehuard.artblog.fr
Merci Virginie !!! Tu es adorable ! Mais quand tu veux pour illustrer un texte !;) avec plaisir !
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